Révolution de 1848 et Seconde République (mise à jour)

Publié le

Révolution de 1848 et Seconde République (mise à jour)

Crise économique et impossible réforme de la monarchie de Juillet

Dans les années 1840, une crise économique, sociale et politique va conduire la monarchie de Juillet à sa perte. Crise avec les mauvaises récoltes de 1845 et 1846, la hausse des prix alimentaires avec son cortège de misère et d’émeutes. C'est la dernière grande crise de subsistance en France.

Crise amplifiée par les faillites d'entreprises avec, à la fin de 1847, près de 700 000 ouvriers au chômage.

S'ajoute le débat croissant sur la réforme électorale : en 1848, le pays ne compte que 241 000 électeurs pour 35,5 millions d'habitants. L'opposition revendique une réforme du système électoral censitaire qui peut doubler le nombre d'électeurs. En 1847, Louis-Philippe, Guizot, le chef du gouvernement et la Chambre refusent cette réforme.

L'opposition organise alors une vaste campagne de banquets. Le premier a lieu à Paris le 9 juillet 1847 avec 1 200 personnes, dont 85 députés. D'autres s'enchaînent en province, souvent dirigés par des opposants de renom. Cependant Guizot reste inflexible.

 

La révolution de février 1848

Un nouveau banquet est prévu à Paris, en février 1848. Il est interdit et dès le 23 février des barricades sont dressées. La démission de Guizot n'empêche pas un drame. Dans la soirée, des manifestants défilent devant le ministère des Affaires étrangères, boulevard des Capucines. Deux compagnies de ligne tirent. Les seize tués sont promenés toute la nuit dans Paris.

Louis-Philippe cherche un premier ministre : Mathieu Molé puis Adolphe Thiers et enfin Odilon Barrot. Mais en vain.

Le 24, les insurgés marchent sur le palais des Tuileries qui est mis à sac. Le roi abdique rapidement et fuit en Angleterre. C'est la fin de la monarchie de Juillet. La Chambre des députés démissionne dans la foulée.

Le peuple a gagné, mais pas pour longtemps. Comme toujours, la bourgeoisie va lui ravir sa victoire. Se profile lentement, mais fortement, une contre-révolution

Les indécis les plus influents, comme Lamartine, penchent finalement pour l'insurrection - et donc la République - et préparent un gouvernement provisoire. La République est proclamée.

 

Gouvernement provisoire et mesures sociales

Le gouvernement provisoire réunit deux tendances : les démocrates et les libéraux non socialistes qui sont majoritaires avec les députés Dupont de l'Eure (président symbolique pour sa participation à la Révolution française), Lamartine, Crémieux, Arago, Ledru-Rollin, Garnier-Pagès, Marie. Les démocrates demandent une plus grande représentation de leurs idées. On ajoute Louis Blanc et Alexandre Martin, dit « l'ouvrier Albert » sans fonction de ministres. Les représentants de la République, notamment Lamartine, revendiquent l'héritage de la Révolution, mais pas la Terreur. Ils souhaitent une conciliation des classes, une amélioration des conditions de travail et rejettent le drapeau rouge que veut imposer la foule au profit du drapeau tricolore.

Les premières mesures sont révélatrices de l'idéologie du nouveau régime. Le 25 février, ils instituent le suffrage universel masculin, la peine de mort pour raisons politiques est abolie. Les « principes de 1789 » comme la liberté individuelle sont mis en application. Ils souhaitent que les peuples puissent librement choisir leur destin. Le 27 avril, un décret de Schœlcher met définitivement fin à l'esclavage dans les colonies françaises.

Pour satisfaire la frange de gauche du gouvernement provisoire, l'État se dote des moyens de lutter contre le chômage de masse. Les ateliers nationaux sont créés le 27 février. Les socialistes obtiennent la création de la commission du Luxembourg qui décide le 2 mars la diminution d'une heure de la durée de la journée de travail, qui passe de onze à dix heures à Paris et de douze à onze heures en province.

En province, l'information circule vite et de nouveaux fonctionnaires favorables au régime sont mis en place. Nombre de catholiques se rallient. La population profite dans un premier temps de la désorganisation suscitée par le changement de régime pour laisser exploser des tensions anciennes. Des règlements de compte ont lieu, avec pillages et destructions. Les paysans, oubliés par les réformes, restent distants du nouveau régime.

 

Les élections d'avril 1848 et l'Assemblée constituante

L'unanimisme « républicain » est de mise pendant quelques semaines : les prêtres bénissent les arbres de la liberté plantés dans de nombreuses communes.

Les élections du 23 avril, confirmant les craintes des républicains avancés, mobilisent 84 % de l'électorat. La nouvelle Assemblée, d'environ 900 membres, est dominée par les républicains modérés (environ 500 élus). Mais les monarchistes, qui vont former le parti de l'Ordre, représentent 200 députés. Le courant socialiste occupe moins du quart de l'Assemblée et ses chefs ne sont pas élus, à l'exception de Barbès. Les membres du gouvernement provisoire sont réinvestis. Lamartine est élu dans 17 départements. Le 4 mai, l'Assemblée proclame à nouveau la République.

 

La commission exécutive et les massacres de juin

Un nouveau système de gouvernement voit le jour. Une commission exécutive de cinq membres est choisie parmi l'ancien gouvernement provisoire. Les socialistes en sont exclus. Elle est composée d'Arago qui préside, Garnier-Pagès, Marie, Lamartine et Ledru-Rollin. Parallèlement, un gouvernement est formé avec deux concessions aux socialistes : le maintien de Carnot à l’Instruction publique et l'arrivée de Flocon à l’Agriculture et au Commerce.

L'élection en plusieurs lieux de certains des députés entraîne de nouvelles élections le 4 juin. Arrivent de nouveaux venus, notamment Victor Hugo, mais aussi Louis-Napoléon Bonaparte (qui démissionne aussitôt), et pour l'extrême gauche, Caussidière, Proudhon et Leroux. Cela n'est pas sans danger pour le gouvernement. Les idées socialistes, mais aussi la popularité croissante de Bonaparte, ont trouvé un puissant écho dans les ateliers nationaux et la majorité craint qu'ils ne suscitent des mouvements insurrectionnels. Leur coût élevé accroît la motivation de la majorité des constituants pour les supprimer.

Le 21 juin, sous la pression de l'Assemblée, la Commission exécutive prend un décret obligeant les hommes de moins de 25 ans à rejoindre l'armée, et les autres ouvriers à se disperser en province. En clair, c'est la dissolution des ateliers nationaux.

Le Paris ouvrier entre alors en insurrection le 22. La ville se couvre de barricades. Les journées de Juin commencent qui dureront jusqu'au 28. Le 24 juin, l'Assemblée constituante transmet tous ses pouvoirs au ministre de la Guerre, le général Cavaignac : certains historiens parlent de véritable dictature militaire.

Le 26 juin commence une répression méthodique et féroce contre les insurgés avec 50 000 soldats, rejoints par 100 000 gardes nationaux de province. On parle des "bouchers bleus" de Cavaignac qui se livrent à des massacres atroces et systématiques. Plusieurs milliers d'insurgés ouvriers sont tués, d'autres fusillés, on compte quelques milliers de prisonniers dont cinq cents seront déportés en Algérie. Les autres sont graciés après un séjour en prison ou sur les pontons.

Les journées de Juin marquent l'avènement du gouvernement Cavaignac et le retrait des cinq de la Commission.

 

Vers le Second Empire

Le régime sort affaibli, désormais marqué par une forte peur de la bourgeoisie, renforcée par les atrocités commises.

Une nouvelle fois, comme en 1830, le peuple a été dépossédé de sa victoire. Mais le mouvement ouvrier n'a pas disparu. En province dès 1849, les démocrates-socialistes, dont Ledru-Rollin, remportent des succès aux élections

Il faudra le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte pour anéantir durablement la République et le mouvement républicain.

La révolution de 1848 a fait l'objet d'une commémoration en 1948 avec Labrousse et Soboul entre autres. En 1998, une exposition a été organisée à l'Assemblée nationale pour le 150e anniversaire et le commissaire en était Maurice Agulhon avec en plus un grand colloque.

Révolution de 1848 et Seconde République (mise à jour)
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article