Soulèvement du 18 mars 1871 : début de la Commune de Paris

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Soulèvement du 18 mars 1871 : début de la Commune de Paris

Le soulèvement du 18 mars 1871 est la riposte des Parisiens à la décision du gouvernement d'Adolphe Thiers de leur retirer leurs armes et leurs canons. En 24 heures, le gouvernement et les troupes régulières se replient sur Versailles et abandonnent la capitale aux émeutiers. C'est le début de la Commune de Paris.

Le contexte

La guerre franco-allemande est désastreuse pour la France. Paris est assiégé par les troupes allemandes depuis le 18 septembre 1870. Le gouvernement provisoire signe l'armistice le 28 janvier. Le 26 février, l'Assemblée nationale (réfugiée à Bordeaux) ratifie le traité de paix. Pendant le siège de Paris, des éléments de la Garde nationale ont déjà manifesté leur mécontentement à propos de la conduite des opérations et leur méfiance vis-à-vis du gouvernement notamment lors des journées du 31 octobre et du 22 janvier. La convention d'armistice prévoyait l'occupation partielle de Paris ce qui exaspère les Parisiens qui ont tenu la ville face aux armées prussiennes et fait monter la tension. Cette occupation est réduite à trois jours (1er au 3 mars).

Conformément à la convention d'armistice, la Garde nationale a conservé ses armes et a sous sa garde les canons fabriqués pendant le siège et payés par la souscription des parisiens qui considèrent que ces 400 pièces d'artillerie leur appartiennent. Le gouvernement a fait plusieurs tentatives pour les récupérer.

Les préparatifs

Le gouvernement est décidé à rétablir son autorité dans Paris. Parallèlement l'Assemblée nationale prend un train de mesures qui va faire basculer la population dans la guerre civile : suppression des moratoires sur les loyers, les effets de commerce, la diminution de la solde quotidienne des gardes nationaux.

Le 17 mars au soir, Adolphe Thiers et le Conseil des ministres décident d'enlever les canons qui sont entreposés à Belleville et Montmartre.

Le déroulement de l'insurrection

Le 18 mars à trois heures du matin, les soldats se mettent en marche vers leurs objectifs qui sont atteints avant 6 heures, mais les chevaux et attelages prévus sont en retard et le retrait des premiers canons prend du retard. La population qui se réveille, se rassemble ; les gardes nationaux arrivent en armes. Le Comité central de la Garde nationale alerté fait battre l'alarme dans le XIe arrondissement et ordonne d'élever des barricades dans le quartier.

Vers 8 heures, des soldats du 88e régiment de ligne fraternisent avec la population. Le général Lecomte tente de s'y opposer, ordonne de tirer sur la foule mais ses soldats mettent crosse en l'air. À 9 heures, le général est fait prisonnier et conduit au Château-Rouge, tandis que les 80 gendarmes qui l'entourent sont emmenés à la mairie du XVIIIe arrondissement. Les troupes du général Paturel se disloquent. Une partie de la réserve du général Subvielle fraternise aussi. La permanence du Comité central de la garde nationale est renforcée par des délégués qui arrivent de leurs quartiers encore tranquilles.

Vers 10 heures, le gouvernement apprend que les troupes du général Faron fraternisent et abandonnent leur matériel. Il y a des barricades dans le faubourg Saint-Antoine, à Ménilmontant. Le gouvernement et le commandant en chef de la garde nationale, le général d'Aurelle de Paladines, tentent d'organiser une offensive en s'appuyant sur les Gardes nationaux des quartiers bourgeois du centre et de l'ouest de la capitale. Sur les 12 000 escomptés à peine 600 répondent à l'appel et retournent chez eux lorsqu'ils constatent la faiblesse de leurs effectifs.

Vers 13 heures, le général Lecomte est transféré à Montmartre sur l'ordre d'un comité local de vigilance. Il est pris à partie par la foule en fête et par ses propres soldats. Il y est rejoint par un autre prisonnier, le général Clément-Thomas, un des commandants de la sanglante répression du soulèvement de juin 1848, qui a été reconnu bien qu'il soit en civil. Vers 14 heures, le Comité central de la Garde nationale donne l'ordre à tous les bataillons de converger sur l'Hôtel de Ville. À ce moment-là, Montmartre, la gare de Sceaux, la mairie du XIVe, la gare d'Orléans, le Jardin des Plantes, le palais du Luxembourg, la mairie du Ve sont aux mains des révoltés.

Vers 15 heures, le gouvernement se divise sur la conduite à tenir : quitter Paris pour y revenir en force ou organiser la résistance dans les quartiers ouest. Affolé par des Gardes nationaux qui défilent devant le ministère où les ministres se trouvent, Thiers décide de quitter Paris pour Versailles et ordonne l’évacuation totale des troupes et le départ de tous les fonctionnaires.

En fin d'après-midi, à Montmartre, la foule attaque le poste de la rue des Rosiers où se trouvent les généraux Lecomte et Clément-Thomas, qui sont sommairement exécutés, malgré l'intervention du Comité de vigilance de Montmartre ainsi que du maire du XVIIIe, Clemenceau. Un peu plus tard, le général Chanzy échappe de peu au même sort. L'Hôtel de Ville, où Jules Ferry tente d'organiser la résistance est abandonné par les soldats.

Vers 20 heures, l’état-major de la Garde nationale, place Vendôme, la Préfecture de police (vide) sont au mains des révoltés alors que l'Hôtel de Ville est encerclé. Les ordres du Comité Central sont purement défensifs : « Barricades partout. Ne pas attaquer ». Le bataillon cernant l'Hôtel de Ville se retire. Jules Ferry reçoit l'ordre d'abandonner l'Hôtel de Ville. Vers 23 heures, l'Hôtel de ville est envahi et le comité central de la Garde nationale s'y installe.

Victorieux dans Paris, le Comité central refuse de marcher sur Versailles comme certains le lui conseillaient. Son but en effet n'est pas la prise du pouvoir mais bien la résistance à un coup de force gouvernemental, dont les intentions primitives restent obscures. Provocation ? Restauration (l'Assemblée est en effet aux deux tiers monarchiste) ? Stratégie d'Adolphe Thiers pour s'assurer l'accès au pouvoir dans la sanglante répression contre Paris ?

 

Conséquences

Malgré une ultime conciliation menée par les élus parisiens, la rupture entre le gouvernement légal et les insurgés est consommée. Dès le lendemain le gouvernement prend des mesures pour isoler les communications entre Paris et la province.

De son côté le Comité central occupe l'Hôtel de ville sous la direction Édouard Moreau qui convainc ses collègues d'organiser les élections municipales contre une minorité d'inspiration blanquiste qui voulait sans attendre marcher sur Versailles.

La Commune de Pris commence.

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