Les ouvrages relatifs à la guerre de 1914-18

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La célébration de l’année 1914 a vu une floraison d’ouvrages d’histoire ou de photographies sur la Première Guerre Mondiale qui occupent la devanture des librairies.

Les récits-témoignages, les romans sur cet épisode tragique ont été ressortis des rayons ou réédités. Citons-en quelques uns qui valent la peine d’être feuilletés ou relus pour mesurer ou imaginer (mais est-ce possible ?) l’horreur de cette tuerie.

Les grands classiques : Le Feu d’Henri Barbusse, Les Croix de bois de Roland Dorgelès, Ceux de 14 de Maurice Genevoix ou encore A l’ouest rien de nouveau d’Erich-Maria Remarque. On peut y ajouter : Clavel soldat de Léon Werth, L’Adieu aux armes d’Henry Hemingway, Le Grand troupeau de Jean Giono, La Main coupée et autres récits de guerre de Blaise Cendrars, Les Carnets de guerre du tonnelier Barthas.

Arrêtons-nous sur un ouvrage méconnu La Peur de Gabriel Chevallier, auteur lyonnais célèbre pour son truculent Clochemerle. Bernard Pivot a pu dire dans Le Journal du Dimanche que c’était « un témoignage peut-être encore plus terrifiant que Le Feu et Les Croix de bois ».

Publié en 1930, le livre « fut accueilli par des mouvements divers » de l’aveu de même de l’auteur. Car si l’héroïsme n’était pas absent, la peur était constamment présente, et en ce sens le titre de l’ouvrage est un défi. Gabriel Chevallier admet que « Le ton de La Peur est, par endroits, d’une extrême insolence. C’est l’insolence de la jeunesse… » C’est pourquoi il affirme « Quant à parler de la guerre sans parler de la peur, sans la mettre au premier plan, c’eût été de la fumisterie. On ne vit pas aux lieux où l’on peut être à tout instant dépecé vif sans connaître une certaine appréhension. »

Le personnage, Jean Dartemont - le double de Gabriel Chevallier – « raisonne ce qui ne se raisonne pas officiellement. Il a encore la naïveté de croire que tout peut se raisonner. Il assène des vérités massives et déplaisantes ».

Le récit débute par une restitution de l’ambiance des derniers jours de juillet et de la mobilisation. « Ca commence comme une fête. »

Dartemont n’est pas dupe et reste un « témoin silencieux de la grande frénésie ». Après l’instruction des recrues, il part pour le front dix mois après ceux de 14. Il connaît les marches interminables, la boue, les chefs bornés et le baptême du feu, l’hôpital après une blessure, il passe par le Chemin des Dames, dans l’Aisne, en Champagne. « Il n’y a ni vainqueurs ni vaincus, parce qu’il n’y a que des cadavres. Etre vainqueur ? C’est vivre. » Un soldat s’interroge : « Tu crois pas qu’on nous a bourré le crâne avec « la haine des races » ? ».

Le jour de l’armistice « La vie se lève comme une aube. L’avenir s’ouvre comme une avenue magnifique. Mais une avenue bordée de cyprès et de tombes. Quelque chose d’amer gâte notre joie, et notre jeunesse a beaucoup vieilli ».

Ce héros meurtri est inoubliable.

L’ouvrage est reparu dans la collection « Le Livre de Poche » en mars 2013

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